Tribune de Mme l'Ambassadeur
COP26: L'occasion à Saisir
par Ambassadeur Vanessa Vega Saenz
Le récent rapport du groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC) nous a alerté de manière brutale des défis
auxquels l'humanité est confrontée : Nous devons agir maintenant !
La COP26 à Glasgow, la plus importante conférence sur le
climat depuis Paris, est l’occasion qui se présente ces jours-ci pour agir tous
ensemble.
Il est essentiel que nous tenions la promesse de l'Accord de
Paris et que nous réduisions les émissions pour limiter la hausse des
températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Mais nous ne
sommes malheureusement pas sur la bonne voie : il faut que tous les pays
adoptent des objectifs de réduction des émissions plus ambitieux. Si les pays
s'en tiennent à leurs objectifs climatiques officiels actuels - les
contributions déterminées au niveau national - cela entraînera une hausse
catastrophique de la température mondiale de 2,7°C. Elle entraînera
inévitablement des sécheresses, des inondations et des incendies plus fréquents
et plus graves, ainsi que des vagues de chaleur et des tempêtes dans le monde
entier.
Les preuves
sont claires : nous devons avoir des ambitions plus élevées, et cela dès
maintenant.
C'est à l’issu de ce même constat que le Danemark s'est
engagé à réduire ses émissions de 70 % d'ici à 2030. Nous pensons que cela est
non seulement nécessaire, mais aussi tout à fait possible. Et nous avons
exhorté tous les pays - en particulier les plus grands émetteurs - à soumettre
leurs contributions déterminées au niveau national (NDC en anglais) actualisé
avant la COP26 et à respecter le scénario de 1,5°C de l'Accord de Paris.
Lors de la COP15 à Copenhague en 2009, les pays les plus
développés ont promis de verser 100 milliards de dollars par an pour financer
la transition mondiale. Les pays développés ont la responsabilité d'augmenter
leurs engagements individuels afin que nous puissions collectivement atteindre
le montant promis. Hélas, les chiffres récents de l'OCDE indiquent clairement
que nous n'y sommes pas encore là.
Le Danemark est prêt à donner sa juste part. Nous allons
fournir au moins 500 millions USD par an dès 2023 sous forme de subventions
pour le financement du climat. Et nous renforçons nos efforts pour mobiliser
des financements publics et privés provenant d'autres sources. Grâce à la
combinaison de nos financements sous forme de subventions et de nos
financements mobilisés, nous atteindrons 1 % de l'objectif collectif de 100
milliards USD. C'est bien au-delà de la part proportionnelle du Danemark et
nous espérons que cela encouragera d'autres pays à nous suivre. Tenir la
promesse que nous avons faite à Copenhague est essentiel pour instaurer la
confiance et garantir des circonstances optimales pour la réussite de la COP26.
Le changement climatique est mondial, mais ses effets sont
distribués de manière inégale. Même avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C,
il est nécessaire de s'adapter aux conséquences incontournables : gérer de
ressources en eau limitées, planter de nouvelles cultures capables de résister
à la chaleur et à la sécheresse et construire des maisons et d’infrastructure
capables de résister à des conditions météorologiques extrêmes, entre autres.
Les impacts affectent tout le monde à travers le monde, mais les pays les moins
développés sont les plus affectés. Pour ces pays, l'adaptation au climat n'est
plus un choix, c'est une nécessité.
L'adaptation reste cependant la moitié négligée de l'équation climatique, et c'est pourquoi le Danemark s'est engagé à consacrer 60 % de son financement climatique basé sur des subventions à l'adaptation à partir de 2022. Nous demandons ouvertement aux autres pays développés de nous rejoindre.
Pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris, il faut
réduire rapidement la production de charbon, de pétrole et de gaz naturel. Avec
le Costa Rica, le Danemark dirige les travaux de l'Alliance "Beyond Oil
and Gas" (BOGA), qui vise à promouvoir et à soutenir l'élimination
progressive, juste et équitable, de la production de pétrole et de gaz. Nous
faisons également pression pour un arrêt complet de la construction de
nouvelles centrales au charbon et de l'exportation de la technologie du
charbon, et cela pour limiter l'augmentation de la température. En substitution
des hydrocarbures il sera impératif de renforcer notre collaboration
énergétique méridionale et supporter le développement et l’export d’énergie
renouvelable.
Le temps est compté. L'échec reste une possibilité, mais une
possibilité inacceptable. Il est essentiel que les pays se réunissent à
l'approche de la COP26 pour rétablir la confiance et restaurer l'esprit de
Paris. Le Danemark fera de son mieux pour accélérer l'action et relever les ambitions,
afin que nous puissions transmettre un monde prospère, juste et durable aux
générations futures.
Vanessa Vega
Saenz, Ambassadeur du Danemark en Alger